AKITU

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Mot qui désigne, dans la civilisation assyro-babylonienne, à la fois une des plus importantes fêtes du calendrier liturgique et civil et, en même temps, le temple où une part essentielle du rituel se déroulait. Peu de textes nous en transmettent le récit; encore sont-ils lacuneux et souvent, volontairement ou non, obscurs. Il n’est pas sûr, d’autre part, que ces documents reflètent la réalité; ils peuvent n’être que les produits de l’imagination de certains prêtres, rédigés pour une part à l’époque hellénistique, quand la fête était déjà disparue (S. A. Pallis, The Babylonian Akitu Festival , Copenhague, 1926; La Fête babylonnienne de l’akitu ).

L’akitu était à l’origine, manifestement, une fête saisonnière de la fertilité et du renouveau; elle est devenue, on ne sait par quel processus, le point cardinal de la religion assyro-babylonienne. L’étymologie du mot étant inconnue, elle n’est d’aucun secours, même s’il est sûr qu’il est passé de Sumer, au milieu du \AKITU IIIe millénaire, au monde babylonien. L’akitu est attestée dès la seconde moitié du \AKITU IIe millénaire en Assyrie. L’interruption de l’akitu pour cause de malheurs publics est toujours notée dans les chroniques, tant un tel empêchement choquait les esprits. Elle disparaîtra pourtant à l’époque perse, après les répressions brutales antibabyloniennes de Darius et de Xerxès.

C’est fondamentalement la fête du début de l’an, célébrée, autant qu’on puisse le savoir, au \AKITU Ier millénaire dans toutes les villes importantes de Mésopotamie: sa date variait donc selon les lieux; elle finit par se fixer au 1er nisan (environ le 15 mars de notre calendrier), mais elle put être aussi fêtée le 1er tišri (environ le 15 septembre); certaines cités la célébraient même de six mois en six mois.

Par la combinaison des rituels de Babylone et d’Uruk, on peut en donner la chronologie suivante: le 1er nisan, le dieu Marduk quittait sa cella, où il habitait tout le reste de l’année, pour passer successivement par plusieurs pièces de son temple de Babylone, l’Ésagil («le temple à la tête élevée»). Le clergé l’accompagnait de chants et de sacrifices. Les préparatifs se prolongeaient jusqu’au 4 nisan. Ce quatrième jour, on récitait devant le dieu, incarné dans sa statue, l’épopée dont il est le héros: Le Poème de la création . Le jour suivant était consacré à une purification de l’Ésagil. Arrivaient alors des villes voisines de Babylonie les dieux, sous la forme de leurs statues transportées solennellement en bateau et en char: en premier lieu, Nabu, de Borsippa, le fils de Marduk, puis Nergal, de Kutha, etc. Ils restaient jusqu’au 12 dans l’Ésagil. Mais, auparavant, tous siégeaient dans un lieu privilégié, la «chapelle des destins», afin d’entendre Marduk trancher les destins pour l’année à venir, pour le monde et pour le roi. Le 10 était le jour le plus solennel: une procession se formait de toutes ces statues divines, parées de leurs atours les plus richement renouvelés pour l’occasion. Le roi «tenait la main» de Marduk; le suivaient le clergé au complet et la cité tout entière, selon le cas en corps constitués et en corporations. Par la «voie sacrée», le cortège atteignait la porte d’Ishtar, sortait de Babylone et se rendait au temple de l’akitu. Le jour suivant, des cérémonies, mystérieuses au moins pour nous, s’y déroulaient. On a cru longtemps que Marduk y vivait une véritable passion, souffrant, mourant et renaissant. Ces vues sont à peu près abandonnées aujourd’hui. Le jour même, le cortège reportait les dieux dans l’Ésagil. Le 12 était un jour de sacrifices solennels. Puis les dieux visiteurs repartaient chez eux.

C’est seulement pendant la fête que le peuple pouvait apercevoir ses divinités; le reste de l’année, elles étaient confinées dans leurs cellas, visibles seulement pour des prêtres attachés à elles. Le rôle du roi, à Babylone, était important pour le déroulement de la cérémonie. D’après un rituel, le cinquième jour, il se présentait devant le grand prêtre; il lui abandonnait ses attributs royaux et, introduit devant Marduk, faisait une confession, plus politique d’ailleurs que religieuse. Sa prière agréée, il reprenait son appareil royal, puis le grand prêtre le souffletait: que les larmes vinssent aux yeux de sa victime consentante et le bonheur du pays était assuré. Malgré tout, il ne semble pas que la présence du roi fût absolument nécessaire pour que la fête eût lieu.

On a cru retrouver le temple de l’akitu de Babylone à quelques centaines de mètres au nord-est de la ville. Les fouilles allemandes d’Assur ont dégagé l’akitu, à une distance un peu supérieure, toujours hors les murs, sur la rive droite du Tigre. On en a l’état au temps de Sennachérib (\AKITU 704-\AKITU 681): une pièce en large, précédée d’une cour.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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